Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg

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Histoire de la chapelle de Montban

Sur le versant septentrional du Gibloux, à un kilomètre de Farvagny, s'élève un monticule entouré de trois côtés de forêts. Une chapelle simple, mais chère aux habitants de la contrée, y fut construite dans le siècle passé.

Il est difficile de déterminer l'étymologie du nom Montban ; quelques-uns veulent y voir un souvenir du paganisme, la montagne du dion Bel, Belinus; le dieu Bel, des orientaux. D'autres le font dériver d'une famille de ce nom ou de Monterban. Les archives de Farvagny n'ont presque aucun document sur cette chapelle ; Voici les traditions recueillies par M. Hél. Raemy, de Bertigny : "Le fils du meunier Jolion, de Grenilles, reçut une petite madone en terre, des Jésuites missionnaires, qui la tenaient eux-mêmes d'un religieux bénedictin d'Ensiedeln. Il pratiqua une niche au milieu d'un vieux chêne, qui avait grandi au centre de la forêt voisine, y déposa avec respect cette statue de Marie, l'orna de fleurs et vint chaque jour y faire ses prières pour être délivré, comme il le fut en effet, de la poursuite d'un spectre, qui le tourmentait, dit-il, chaque fois qu'il trabersait ce bois avec ses chevaux. La dévotion de ce jeune homme trouva des imitateurs. La foule des fidèles se pressa autour de ce nouvel oratoire, surtout depuis qu'on eut remarqué très fréquemment une lumière plus éclatante que cette du soleil, environnant pensant la nuit ce chêne majestueux, qui, en hiver comme au printemps, conservait toute sa sève. Mgr Cl. Ant. Duding, ayant eu connaissance de ce prodige, appela des témoins, organisa une enquête pour vérifier tous ces faits. Dès que la vérité eut été constatée, l'évêque invita la paroisse de Farvagny à se charger de l'érection d'une chapelle à la place du vieux chêne, avec la faculté de percevoir les oblations et d'administrer les capitaux et les intérêts que la piété avaient déjà offerts et allaient offrir encore à Marie.

Dons et oeuvres de la chapelle

Cette proposition d'ayant pas été agréée, l'évêché se chargea lui-même de cette oeuvre sous les auspices du curé de Farvagny, D. Gallay, de Charmey, et de M. Jacques Vonderweid, de Pont, ancien bailli de Corbières, le plus insigne bienfaiteur de Montban, mort en 1745, qui légua à cette chapelle la moitié de sa vaisselle d'argent, du poids de 236 onces. L'autre moitié fut donnée à l'hospice de Romont pour la bâtisse de son église. Un beau calice en vermeil avec la patène, du poids de 25 1/8 onces, de jolies burettes d'argent et leur bassin pesant 23 onces, furent confectionnés avec une partie de cette vaisselle et dédiés à N.-D. de Montban. La chapelle est assez vaste pour contenir une centaine de personnes. On conserve au milieu de l'autel, dans une niche ornée qui présente l'effet d'un tabernacle, la madone miraculeuse que le jeune Jolion avait incrustée autrefois dans le vieux chêne. Le frontispice de la chapelle porte le millésime de 1727 avec ce passage de l'antienne du Salve Regina : O clemens, o pia, o dulci virgo Maria. D'un côté, on voit encore les armes des Gallay, avec cette inscription : D. M. Gallay, curé, 1727 ; de l'autre, celles des Vonderweid, de Pont, avec ces mots : M. Jacques Vonderweid, bailli, 1727. Dans l'intérieur, on trouve un ex-voto de 1730. Un tableau suspendu à la muraille gauche, représente une procession en 1801. Autrefois, la veille de la Pentecôte, il y avait un grand concours de Savoisiens, qui venaient implorer le secours de N.-D. de Montban."

La chapelle fut donc construite en 1727 et consacrée le 29 juillet 1732. La commune de Farvagny fournie le bois nécessaire à la bâtisse. Dans un récès de 1733, Mgr Claude-Antoine dit : comme la commune de Farvagny a fait couper beaucoup de "bois, afin que la chapelle fut bâtie commodément", il permet de prendre 12 écus des biens de la chapelle et de les appliquer "à l'achat d'ornements pour l'église paroissiale." Il est probable que les différentes communes de la paroisse contribuèrent aussi à la bâtisse de la chapelle, par des charrois de matériaux surtout. 

Célébrations

Dans la visite pastorale du 29 juillet 1732, Claude-Antoine ordonne que le curé jouisse de la fondation pour chanter les Salve, tous les samedis au soir (cette fondation étant en faveur du chapelain, cet ordre fut rectifié dans un récès), et qu'il retire un écu pour les deux offices fondés par Mme le bannerette Frantz de Castella, de Gruyères, et 40 batz fondés par Mme Gady, pour les vêpres aux quatre principales fêtes de Notre-Dame. Il retirera à l'avenir le quinzième denier des offrandes de l'autel et du tronc, mais avec l'obligation d'y chanter les vêpres et l'office le jour du titre de l'église (la Présentation, 21 nov.), ainsi que les vêpres et l'office de la dédicace de la chapelle, laquelle est fixée au troisième fimanche de novembre 1744. 5 février. Mgr Claude-Antoine, considérant l'augmentation considérable des rentes de la chapelle "sans que jusqu'ici on y ait célébré quelques messes spécifiques pour les bienfaiteurs... avons trouvé à propos pour augmenter la dévotion, aussi bien que pour la consolation spirituelle des dits bienfaiteurs, de destiner 14 écus bons de rente, pour y faire chanter tous les samedis de l'année, comme aussi la veille des principales fêtes de la Ste-Vierge, les litanies avec les Ave et l'antienne convenable au temps. Lesquels 14 écus, nous assignons au R. Chapelain de Farvagny, en lui enjoignant d'accomplir les dites charges, selon l'intention susdite, en commençant en la présente année 1744 et en continuant si longtemps que Nous et Nos successeurs le trouverons faisable..."

"Trésor pour la paroisse"

Le bailli de Pont régit longtemps les rentes de la chapelle, conformément au désir de l'évêque. Plus tard, on constitua des administrateurs de ces biens. Le jour de la Présentation de la Ste-Vierge (21 nov.) fête patronale et le jour de la dédicace de la chapelle, le curé appelait 3 ou 4 prêtres du voisinage pour entendre les confessions. L'un prêchait à l'office du matin.Les dons affluaient à Montban et le tronc placé dans la chapelle pour recevoir les offrandes produisait beazcizo ; c'était un bienfait pour la paroisse.Avec les dons faits à Montban, on a réparé l'église, soutenu les écoles. Qui pourra jamais énumérer les faveurs qui découlèrent de la confiance à Notre-Dame de Montban ? Source abondante de grâces spirituelles, combien y ont trouvé consolation, force, guérison, et secours en tous genres. Elle fut un trésor pour la paroisse, où l'on allait puiser pour les ornements et réparations de l'église, etc.

1704. Claudia Duriaux, née Roch, après avoir fondé des messes légua encore son pré des Coulattes et celui derrier chez Carle, aux pauvres de la paroisse, établit l'église de Farvagny héritière de ses biens et donna 12 écus à la chapelle du Petit-Farvagny, pour le pot d'huile qu'elle lui devait. 

Source

DELLION, Apollinaire, Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg, cinquième volume, Imprimerie du chroniqueur Suisse, Fribourg, 1886, p.258-261.