Oeuvres
La chapelle de Montban comprend de nombreuses oeuvres inestimables.
Tableaux du retable
Tableaux du retable : Les tableaux du retable sont commandées à deux sœurs, peintresses à Fribourg, pour la modique somme de 8 écus. Marguerite-Agnès et Jeanne-Gertrude Richard sont originaires de Morteau en Franche-Comté et s’établissent à Fribourg en 1698. Elles collaborent régulièrement avec l’atelier Bräutigam de Bulle et on leur attribue près d’une cinquantaine de tableaux pour les églises et chapelles du canton, comme le retable de l’église de Morens, la chapelle de Römerswil ou un cycle de peintures à l’église de La Roche. Les œuvres des peintresses Richard se reconnaissent par la physionomie particulière de leurs personnages, avec des bouches en cœur, des nez épatés et un regard rieur ou extatique, comme le décrit Ivan Andrey dans son étude sur les deux artistes. Le tableau principal représente la Vierge à l’Enfant, foulant aux pieds le serpent et entourée de quatre angelots, comme une apparition dans les nuées. Cette iconographie de la Vierge, couronnée et portant un manteau de reine du Ciel, qui tient dans ses bras son enfant et se détache sur un fond de nuée, reprend les éléments généraux de l’iconographie de la Vierge noire d’Einsiedeln. Mais elle n’en est pas une reproduction fidèle, puisqu’il manque par exemple le teint de peau foncé. Le tableau n’est pas non plus une copie ou une reproduction magnifiée de la statuette de terre cuite rapportée d’Einsiedeln par Rodolphe Jolidon. Le tableau des sœurs Richard constitue une timide évocation de Notre-Dame de Montban, moins fastueuse que son modèle et moins grandiose que le retable qui l’encadre. Le tableau de l’attique porte la date de 1737, entre les armoiries des commanditaires du tableau, le bailli de Pont Jacques-Christophe Philistorf et son épouse Elisabeth d’Amman, bien que l’ensemble ait été financé par les fonds de la chapelle. Y sont représentés saint Jacques le Majeur, avec son bâton et son chapeau de pèlerin, et sainte Elisabeth de Hongrie faisant l’aumône à un infirme.
Tableaux
Dans la nef sont suspendu deux tableaux de la 2e moitié du XVIIe s. ou de la 1 re moitié du XVIIIe s., en pendant, une Déploration et une Crucifixion. Leurs auteurs et leur provenance exacte est inconnue. Le tableau de la Déploration, qui montre la Vierge, Marie-Madeleine et un ange pleurer le Christ à peine déposé de la croix, reprend la composition de la Déploration réalisé par le peintre flamand Antoon van Dyck vers 1629 et aujourd’hui conservé au Musée de Anvers. Si l’on peut douter que l’auteur du tableau de Montban ait jamais vu lui-même cette œuvre, on peut supposer qu’il a pu la copier à partir d’une gravure. En effet, les œuvres des grands peintres étaient diffusées à travers l’Europe par le biais de copies gravées et notamment par Lucas Vorsterman.
Châsse
La statuette de terre cuite de 7 cm de hauteur, reproduisant la statue de Notre-Dame des Ermites d’Einsiedeln, constitue la pièce maîtresse de cette chapelle, malgré son apparente simplicité. Elle incarne l’objet de la dévotion locale qui a mené à la construction de la chapelle. En effet, l’origine de la dévotion à Notre-Dame de Montban remonte au début des années 1720. Jacques Jolion, de Grenilles, devant traverser le bois de Montban, était effrayé par les bruits. Pour se rassurer, il cloue une image en papier de Notre-Dame des Ermites d’Einsiedeln. Les bruits cessent et ainsi débute le culte à Notre-Dame de Montban, devant cette image clouée à un chêne. Quelques années plus tard, vers 1725, le frère de Jacques Jolion, Rodolphe, fait un pèlerinage à Einsiedeln. Le père jésuite fribourgeois Charles de Maillardoz lui offre cette statuette, reproduction miniature de la Vierge noire d’Einsiedeln. Le pèlerinage à Einsiedeln était au XVIIe et XVIIIe siècle pour les Fribourgeois le pèlerinage le plus important hors de frontières cantonales. Les pèlerins ramenaient des images de papier ou des statuettes comme celle-ci, fabriquées en terre de pipe à laquelle on mélangeait de la poussière de reliques et de la terre provenant de la Sainte-Chapelle d’Einsiedeln. L’usage était ensuite de racler la surface de ces statuettes pour mélanger cette poussière miraculeuse à la nourriture de malades. Dans le petit oratoire des années 1720, l’image en papier et la statuette cohabitent. Vers 1728 probablement, à l’occasion de son installation dans la chapelle, la statuette est installée dans une petite châsse en métal argenté, constituée d’une plaque de métal en forme de maisonnette, encadrée par des rebords saillants ajourés (18.5 x 11 cm). L’image de papier, probablement en mauvais état, est alors supprimée. La statuette est fixée dans la partie supérieure de la châsse sur une petite plaque de métal argenté découpée en forme de gloire rayonnante. Au-dessous est fixé un décor de filigrane métallique, avec deux médaillons de verre bleu taillé. Avec cette statuette de Notre-Dame d’Einsiedeln placée au-dessus de l’autel, la chapelle de Montban devient un « Sekundärwallfahrt », un pèlerinage secondaire à Notre-Dame d’Einsiedeln, pour les fidèles ne pouvant se rendre jusque dans le canton de Schwytz.